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RDC : Manioc, ce n’est pas l’affaire du producteur seul

Arsène Birindwa

De son nom scientifique Manihot esculenta, le manioc est l’une des cultures vivrières les plus cultivées et les plus consommées en Afrique centrale et particulièrement en RDC où il est consommé pour ses tubercules qui fournissent plus de 60% de l’énergie journalière totale et ses feuilles  à peu près 20% de l’apport protéique de l’alimentation congolaise et dont la consommation journalière, rien que pour la farine sèche de la ville de Kinshasa, est estimée à 1000 T/jour.

Cependant, sa culture en RDC et en Afrique Centrale est aux mains de petits producteurs qui fournissent ainsi chaque jour de la nourriture à  des milliers de personnes parfois dans des conditions avec beaucoup de contraintes.

En milieu rural, les activités commerciales de plusieurs ménages sont essentiellement basées sur les produits du manioc.

D’énormes progrès ont été réalisés au niveau de la recherche grâce une collaboration fructueuse entre l’Institut National pour l’Étude et la Recherche Agronomique (INERA), l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) et l’organisation HarvestPlus. Malheureusement ces derniers n’atteignent pas une grande frange des producteurs car les structures de vulgarisation ont encore beaucoup de limites dans le pays.

La population africaine de manière générale augmente d’une manière plus exponentielle que sa production alimentaire. Et la part du continent dans les échanges mondiaux de produits agricoles recule. Le défi pour le manioc n’est pas seulement de « doubler, tripler, quadrupler les rendements ou développer des variétés résistantes et améliorées ». Il faut aussi s’assurer que les liens sont resserrés entres les petits producteurs, les chercheurs et l’État car il existe un vrai fossé.

Il est important de souligner que l’atteinte d’une production autosuffisante  est la responsabilité de toutes les parties prenantes de la chaine de valeur, y compris les agriculteurs, les décideurs, les chercheurs, les commerçants et les consommateurs. Chaque groupe de personnes a son propre rôle à jouer et sa propre contribution à faire.

L’état doit d’avantage s’impliquer

L’État congolais et les organisations de la sous-région ont de grandes responsabilités : établir des systèmes de transport et de commercialisation adaptés, adopter des méthodes agricoles modernes et durables, favoriser le commerce inter-régional, améliorer les techniques de transformation du manioc en milieu paysan, renforcer la recherche et le développement pour répondre aux enjeux climatiques.

Autant de défis qui se posent et dont les réponses doivent être trouvées le plus tôt possible.

Plusieurs institutions sont actives dans le secteur en RD Congo, mais leurs actions restent à être soutenues et renforcées. Ainsi, la distribution des boutures est assurée par le secteur privé, les ONG locales et les programmes d’urgence des organisations internationales tels que : FAO, HCR, CICR, CARITAS… et HarvestPlus qui vulgarise le manioc jaune riche en provitamine A en collaboration avec l’INERA et l’IITA.

En 2015, l’Établissement BELPES (siège local à Kinshasa) qui œuvre pour la promotion des boutures saines du manioc et l’encadrement des coopératives agricoles dans la périphérie de Kinshasa a été primé par la FAO.

Depuis 2013, à Kimpese dans la province du Kongo central, un prêtre Catholique Congolais travaille sur la transformation des produits agricoles du terroir et particulièrement sur le manioc. Au sein de son usine, plusieurs dérivés du manioc sont produits selon des normes modernes et sont prêts à être livrés dans les supermarchés de Matadi, Kinshasa, etc., et exportés au-delà des frontières du Congo.

A ceux-ci s’ajoutent des centaines de milliers des petits producteurs qui œuvrent tous pour nourrir le Congo, pour assurer sa sécurité alimentaire. Toutefois, ils ne sentent pas leur métier valorisé et soutenu. L’absence de politiques agricoles favorables ou leur manque (notamment concernant la chaîne de valeur manioc) constitue un frein important auquel ils font face.

Parler du manioc c’est donc aussi rappeler aux différents acteurs, mais surtout à l’État, le rôle important de chacun pour faciliter et valoriser le travail des petits producteurs.

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